Le Covid-19 une porte de sortie sur notre mentalité du prestataire unique ?

Antoine Benichou
6 min readApr 14, 2020
Source: Sciencepo.fr — “Crise de 2008 — Où en est l’Europe 10 ans après?”

Commencée à Wuhan en Chine au début de l’année, l’épidémie devenue une pandémie plus communément appelée COVID-19 a mis le monde à plat, les économies à l’arrêt, les foyers entre quatre murs, le pouvoir d’achat presque à néant, des millions d’emplois perdus et des milliers de morts à travers le monde. Et le bilan est loin d’être fini. Cette crise sanitaire qui, de part ses effets multiplicateurs, s’est transformée en crise économique et qui risque de perdurer dans le temps, tant elle a été soudaine et a révélé de profondes lacunes organisationnelles. Aujourd’hui, les Etats européens semblent avoir choisi la voix solitaire plutôt que le chemin solidaire afin de vaincre cette crise sans précédent dans l’histoire. Malgré les effets négatifs de cette crise, les optimistes de leurs côtés pensent à l’après-crise et voient une lueur d’espoir dans nos dirigeants et individus au sens large. En effet, le revers de la médaille est encore plus prometteur pour les pays de l’Union Européenne et la France impliquant des changements fondamentaux.

Partant de ce constat, les Européens, les Italiens en premier puis les Espagnols ainsi que les Français, se sont rendus compte que de ne pas avoir fait les efforts au sein de la zone économique pendant des décennies les amènent à être confiné pour une durée indéterminée due au manque de moyens matériels auquel ils font dorénavant face. Ce manque de matériel et de masques en particulier, est la conséquence de la relocalisation de la production mondiale des biens, notamment en Asie, où la main d’oeuvre et le prix final est hyper compétitif. Il se dit que si chaque personne portait deux masques par jour, nous serions dehors à retrouver la joie de vivre au delà des 1km autorisés. Les Européens payent tout simplement leur sensibilité au prix en ayant mandaté un prestataire “unique” pouvant leur offrir des biens de qualité souvent inférieures. Le facteur financier a donc motivé leurs choix pendant de nombreuses années. Aujourd’hui, ils payent leurs choix. Leur seul prestataire n’est plus en mesure de fournir et par conséquent, ils sont donc dans l’incapacité de réagir. Les leaders tels que LVMH se sont dévoués (pour du gel hydroalcoolique et masques) en honorant leur statut mais cela ne reste bien évidemment pas suffisant. Nous sommes en pénurie de l’ensemble du matériel pouvant nous permettre d’affronter la pandémie sereinement et ce, malgré l’ensemble des initiatives prises par le secteur privé. Par conséquent, il apparaît urgent de remettre en question d’une manière générale, les habitudes de penser et de consommer pour les individus et pour nos dirigeants, leurs manières de conduire la nation afin de redevenir la forte puissance que le monde entier enviait il fut un temps.

Cette double crise permettra de redistribuer les cartes pour les Etats ainsi que pour les populations une fois l’orage passé. L’Europe, où les biens sont perçus comme chers, a opté pour des produits de qualités médiocres au détriment de son économie. Avoir donné ses biens et services à produire de l’autre côté de la planète et par conséquent, avoir confié son PIB (Produit Intérieur Brut) entre des mains chinoises en Asie, qui plus est des petites mains certaines fois. Tout cela revient à remettre en cause notre mentalité à toutes échelles de la société. Les croyances et habitudes, adoptées pendant de nombreuses années, sont arrivées à leurs limites et ont fait émerger des effets pervers sur la société qui se font lourdement ressentir lors de cette crise au point d’être confiné et de voir la base de notre existence, la simple vie, défilée devant nous sans qu’on ait les clés en main pour la vaincre. Nous sommes donc prisonniers de nos propres actes.

Source: https://businessday.ng/

Cette crise est bien évidemment désastreuse de part les chiffres, mais elle ouvre une porte d’espoir sur le futur dans notre zone économique européenne et notamment celle en France. Je crois qu’il faut avoir foi en l’être humain malgré tout comme Adam Smith au 18ème siècle ou l’économiste britannique Ricardo au début du 19ème. L’ensemble de la planète a saisi ce préposé légitime et humain qui est celui du portefeuille, cela rendant aveugle l’avantage que prenait les chinois sur le quotidien des individus et a permis la naissance de l’hégémonie chinoise.

En continuant à tout déléguer en Chine, l’Europe s’auto-détruira et ne créera plus aucune valeur au détriment de son prestataire. Les rôles pourraient donc s’inverser par d’humbles fautes pensant être bénéfique à nos propres vies. A titre d’illustration, la France possède Airbus, un acteur majeur dans l’industrie aérienne et une fierté française se battant contre le géant américain Boeing. Si nous continuons dans nos modes de pensées actuelles, les chinois finiront par produire des avions à des coûts inférieurs et finiront par faire plier Airbus sur un segment de marché où le leader mondial en nombre d’avions vendus en 2019 est européen. Aujourd’hui, Airbus et toutes les multinationales de cette ampleur ne sont pas chinoises pour une unique raison : Les Européens et Américains apportent l’innovation, les idées et la création de valeur à l’état pur. Quant aux Chinois, ils perfectionnent des concepts existants. La question que nous devons nous poser est la suivante : L’occident souhaite redevenir ou pour certains, rester la super puissance en produisant des biens et services de qualité avec un réel savoir-faire ancré sur notre territoire ou être dépendant et laisser la Chine et ses 1.4 milliards d’individus nous contrôler et dominer le monde?

D’un côté, la Chine a baissé ses taux de change afin d’être plus compétitif que jamais et de l’autre côté, l’Europe semblait tout faire pour donner toutes les cartes en main à son contribuable. Le résultat de cette équation donnerait une suprématie impossible à récupérer et supprimerait l’émancipation ainsi que la liberté des occidentaux.

Sans cette crise, les Chinois auraient sûrement été le centre du monde, à qui européens et en particulier français avons donné toute confiance due au critère majeur financier, sans penser à leur propre indépendance.

Source: https://www.huffpost.com/

D’un autre côté, les américains, la première puissance mondiale dirigée par le président Trump. Le monde vient d’apprendre que ce dernier ne souhaitait plus financer l’Organisation Mondiale de la Santé. Durant cette période où tous les acteurs y compris les plus grandes compagnies mondiales telles que les GAFA essayent de donner un coup de pouce, le président Américain est prêt à déclencher une troisième crise en une mais cette fois ci, diplomatique. Malgré qu’il ait relancé l’économie américaine par toutes ses mesures protectionnistes, le président américain semble n’en faire qu’à sa tête et pourrait, sur un coup de tête, faire imploser le monde par souci d’égo.

Au milieu de ces deux ogres se trouve l’Union Européenne et tout son savoir-faire et sa maladresse. Cette double crise serait le moment opportun pour bon nombres d’acteurs que ce soient les Etats, les syndicats, les individus ou les multinationales de changer leurs états d’esprits, leurs manières de produire et de consommer ainsi que leurs égocentricités afin de décider de remettre l’Europe sur le toit du monde avec des mesures communes accompagnées d’une communication et d’une coopération visant un seul objectif commun : L’Europe.

Cet article n’a pas pour but de rééduquer l’ensemble de la société, cela prendrait trop de temps et serait impossible mais a pour vocation de tirer une sonnette d’alarme sur notre simple composition d’esprit à une époque où nous avons tout le temps de remettre les pendules à l’heure.

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